Quand on parle de stratégie, impossible de ne pas évoquer Richard Rumelt, l’un des plus grands experts du domaine. Son livre Good Strategy Bad Strategy a bouleversé la façon dont on envisage la stratégie, notamment en entreprise. Rumelt explique en quoi une bonne stratégie ne se limite pas à des buzzwords ou à de grands objectifs flous : elle repose sur une structure solide, avec des choix concrets et un objectif clair.
Avant d’entrer dans les détails, il est essentiel de clarifier ces deux concepts, qui partagent des similarités tout en ayant des objectifs distincts :
La Stratégie (générale) : C’est le plan d’action global qu’une organisation met en place pour atteindre ses objectifs. Dans cette optique, la stratégie est le grand cadre de décision, que ce soit pour une entreprise, un gouvernement ou même un projet à grande échelle. Elle concerne souvent la vision d’ensemble de l’entité, sans se focaliser sur un domaine particulier.
La Stratégie Produit : Il s’agit d’une déclinaison de cette stratégie, appliquée au produit ou au service en question. Elle repose sur un diagnostic spécifique aux besoins du marché et des utilisateurs et guide les actions pour développer et faire évoluer le produit en fonction des objectifs de l’entreprise. La stratégie produit doit être cohérente avec la vision de l’entreprise tout en répondant aux impératifs propres à son marché.
Et c'est ici que Richard Rumelt entre en scène ! Bien que son modèle ne soit pas exclusivement conçu pour les produits, il a une portée générale qui en fait un outil précieux pour structurer une stratégie produit solide. Voyons comment les trois piliers de Rumelt — le diagnostic, la ligne directrice, et des actions cohérentes — se transposent à la stratégie produit.
D'après Rumelt, une stratégie efficace est bien plus qu’une vision inspirante. Elle repose sur des décisions précises et sur un processus structuré pour répondre à un problème spécifique. Les trois piliers d’une bonne stratégie, tels que définis par Rumelt, se traduisent comme suit dans le domaine du produit :
Le Diagnostic : Rumelt place l’analyse au cœur de la stratégie. En produit, cela signifie comprendre les pain points des utilisateurs, identifier les obstacles à surmonter pour atteindre les objectifs de croissance et de satisfaction client.
La Ligne Directrice : cette Guiding Policy va orienter toutes les actions. Par exemple, cela peut être "se focaliser sur les utilisateurs actifs" ou "améliorer l’expérience mobile". Elle aide l’équipe produit à rester alignée et à éviter les détours coûteux.
Des Actions Cohérentes : Une stratégie produit ne reste pas au niveau des grandes idées. Elle inclut un plan d’actions concrètes, chaque étape étant alignée sur l’objectif global pour que l’ensemble de l’équipe avance dans la même direction.
Rumelt décrit aussi les signes d’une mauvaise stratégie, souvent masqués derrière des phrases impressionnantes mais vides de direction.
Exemple 1 de Bad Strategy : "Devenir leader du marché en étant customer-centric." Bien que cela sonne bien, il manque des détails cruciaux et une ligne directrice précise. Quels segments de marché prioriser ? Comment intégrer les retours utilisateurs ? Sans réponses claires, cela reste une simple intention.
Exemple 2 de Bad Strategy : "Innover pour se démarquer." C’est une ambition positive, mais sans diagnostic ou cap clair, les efforts risquent de s’éparpiller sans impact.
Dans Good Strategy Bad Strategy, Richard Rumelt ne se contente pas de donner des théories : il expose les erreurs communes et propose une structure applicable pour renforcer la clarté et la cohérence d’une stratégie. Sa méthode offre aux PM un cadre précieux pour évaluer et ajuster leurs stratégies produit.
Le modèle de Richard Rumelt fournit une grille d'analyse solide : diagnostic, ligne directrice, et actions cohérentes. En appliquant cette méthode, la stratégie produit devient une vraie force de direction et d’impact, prête à propulser le produit vers le succès.